Le deuil pathologique est un concept psychiatrique. Il n'est pas tellement rare et peut apparaître quand le processus de deuil prend un cours anormal et que des troubles apparaissent. Décryptage.
Deuil "normal", deuil compliqué et deuil pathologique
Faire son deuil : un processus à étapes
Le deuil passe par différentes étapes, vécues de manière plus ou moins longues selon les sujets : choc, déni, colère, dépression, acceptation, reconstruction. L'apparition d'une phase de dépression, notamment, n'est donc pas anormale. Par contre, si elle dure plus d'un an, on se trouve peut-être devant un deuil pathologique ou devant un deuil compliqué. On parle aussi de deuil traumatique ou de deuil chronique.
Même si on admet que le deuil est un événement traumatisant et qu'au cours du temps, des faits entraîneront un retour à un deuil intense (un repas de famille, une date anniversaire, etc.), l'apparition de troubles psychiatriques doit inquiéter.
Deuil compliqué, deuil pathologique
Le deuil compliqué est un deuil qui s'étire trop dans le temps. Il est marqué par des souvenirs intrusifs du défunt et des poussées émotionnelles intenses et il gêne la reprise des activités normales.
Le deuil pathologique est d'une autre nature. C'est une situation dans laquelle la personne endeuillée développe une pathologie jusque-là absente. Le processus normal du deuil est rompu, empêchant l'accès aux phases suivantes. Cette pathologie peut être :
- Psychologique : dépression, délire, hallucinations, bipolarité, troubles anxieux, stress post-traumatique, etc.
- Physique : ulcères, symptômes semblables à ceux du défunt malade, cancer, etc. Des conduites addictives peuvent également être observées, que ce soit à des substances nuisibles, au jeu ou au danger.
À noter : ces phénomènes sont particulièrement inquiétants quand ils semblent détachés du deuil ou du défunt. Par exemple, quand les hallucinations visuelles et auditives ne concernent pas le seul disparu.
Causes du phénomène
Pourquoi un tel phénomène ? Les causes en sont diverses, mais de façon générale, le lien avec la personne décédée ne peut être atténué : le sentiment de culpabilité est trop grand, la vie ne peut pas être envisagée sans la personne disparue, le défunt est idéalisé, etc.
La personnalité de l'endeuillé entre en ligne de compte, mais aussi sa relation de dépendance avec le défunt ou encore le manque de soutien de l'entourage.
Quelles solutions pour un deuil pathologique ?
Pour sortir du deuil pathologique, une psychothérapie brève est à privilégier. Elle aura plusieurs objectifs :
- traiter avec ses émotions en prenant la parole ;
- rétablir des activités agréables par un travail comportemental ;
- réapprendre à prendre soin de soi et comprendre que le défunt continuera à vivre en soi ;
- régler les problèmes de regrets, notamment les heurts dans la relation avec la personne décédée.
Bon à savoir : des anti-dépresseurs peuvent également être prescrits. Attention, il ne s'agit toutefois pas d'éliminer le deuil, qui est un processus normal, mais de permettre le retour aux activités. Par exemple, il faut faire face à la routine, même si celle-ci est source de souvenirs déstabilisants.
À noter : mis en place le 1er octobre 2021, le 3114 est un numéro de téléphone gratuit, accessible 24 h/24 et 7 j/7. Il permet aux personnes en détresse psychologique ayant des idées noires, des profondes angoisses ou encore des pensées morbides d’être écoutées par un professionnel de la psychiatrie et de la santé mentale (psychiatre, infirmier spécialisé et psychologue). Ce numéro concerne aussi l'entourage des personnes à risque suicidaire et les personnes endeuillées.
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